La QVT c’est quoi finalement ?

 

Il y a quelques jours, j’ai publié un post sur Linkedin de mon humeur quant à la façon réductrice que certains avaient de la QVT.

QVT = babyfoot, yoga, salle de sieste, afterworks…. Et j’en passe et des meilleures

Une semaine après et quelques 220 000 vues plus tard, + de 4000 likes, + de 500 partages, commentaires et messages privés, j’ai comme l’impression d’avoir fait mouche !

Certains m’ont dit avoir « remis l’église au centre du village »…

Mais si tout le monde est d’accord avec mon billet d’humeur sur le fait que la QVT est plus qu’un babyfoot dans une salle de pause, reste une question qui me taraude !

C’est quoi la QVT pour moi, pour vous ?

Un peu d’histoire

Ce sont dans les années 50 que l’on trouve les premiers fondements de la QVT grâce aux travaux de recherche de Eric Trist de l’Institut Tavistock à Londres. Effectivement dans le cadre de ses recherches, il a mis à jour les limites du taylorisme : monotonie, déqualification, sentiment d’aliénation, impacts négatifs sur la productivité…..

Grâce à lui on découvre que l’efficacité au travail est littéralement liée à la qualité de vie au travail et que ce lien découle de l’organisation du travail et des méthodes de production

L’expression de « Qualité de vie au travail » (Quality of work life) apparait véritablement dans les années 60 aux Etats Unis par un employé de General Motors, Irving Bluestone. Il existe au sein de cette grande entreprise un programme d’évaluation du niveau de satisfaction des employés en vue d’améliorer la productivité.

C’est en 1972 que se tient la Première conférence internationale sur la Qualité de vie au Travail dans l’Etat de New York.

Elle voit le jour par la nécessité de coordonner les efforts des chercheurs et des organismes concernés afin de créer une bibliographie cohérente et crédible sur la QVT afin de la partager avec l’ensemble des acteurs.

Quatre axes de définition de la QVT en découlent :

  • Intégrité physique
  • Intégrité psychique
  • Développement du dialogue social
  • Equilibre vie au travail et hors travail

En France, la QVT ne fait son apparition que dans les années 2000. J’y reviens plus en détails plus loin.

La QVT est aussi liée à notre rapport au travail !

Pendant toute la période de la révolution industrielle, conditions de travail et pénibilité étaient loin d’être les préoccupations principales.

Tout au long du 20ème siècle, travail et travailleurs étaient plutôt abordés comme de la « marchandise ». Et l’évolution se met en place avec une normalisation des conditions de travail, une prise en compte de la pénibilité et des abus, et également l’augmentation progressive des  protections sociales.

Avec ces nouvelles normes, le travail devient progressivement un des piliers du fonctionnement sociétal.

Dans les années 2000, la question de l’épanouissement apparait. Avec des questions symptomatiques des salariés, qui s’accentuent aujourd’hui avec les Generation Y et Z : vit-on pour travailler ou travaille—t-on pour vivre ? Quel sens donner à mon travail ?

Ces remises en cause de la notion de travail tendent à défaire le sens initial du mot. Ce mot vient du latin Tripallium signifiant instrument de torture. Ainsi la longue association des mots travail = souffrance qui donne une récompense par le salaire devient obsolète.

Aujourd’hui, le travail devient objet de bien-être et d’épanouissement. De quoi revoir les modèles du travail encore en cours actuellement.

Les enjeux

Les entreprises sont donc en train de vivre des transformations de leurs organisations

A quels enjeux renvoient ces transformations ?

1 – les enjeux du marché :

Ces enjeux renvoient aux nouveaux modes de consommation, les clients, la concurrences, les nouvelles technologies. Les entreprises sont donc poussées à innover en permanence pour s’adapter à leur marché : nouveaux processus de production, nouveaux métiers, des parcours clients différents. Toutes ces innovations engendrent le besoin de formation des salariés, d’une mobilité professionnelle, de l’adaptation des postes de travail….afin de préserver l’engagement des salariés et leur sante sans parler de leur employabilité

2 – les enjeux sociétaux

Depuis 10, 20 ans la société a fortement évolué laissant apparaitre de nouvelles problématiques à prendre en compte : temps de trajet domicile/travail, les maladies chroniques qui ont augmenté, le vieillissement de la population et donc des travailleurs, l’augmentation des familles monoparentales,….et beaucoup d’autres. Dès lors, les entreprises et tous les acteurs du monde du travail sont amenés à trouver de nouvelles idées : temps partagé, congés parentaux, télétravail, charte de diversité, conciliation vie pro/vie perso, droit à la déconnexion….et tous ces sujets sont appelés à être traités avec les collaborateurs

3 – les enjeux de santé

Ces enjeux santé sont intimement liés à des problématiques organisationnelles comme la charge de travail, la relation clients, l’intensification du travail, l’ergonomie du poste de travail….. et impliquent des ressources comme l’autonomie, la cohésion d’équipe, le management,…et tout cela impacte la santé physique et psychique du travailleurs

La QVT  en France

Comme je l’écrivais précédemment, ce n’est que dans les années 2000 que la QVT est devenue un sujet d’actualité en France.

En 2007, l’ANACT définit 6 facteurs clefs de la QVT :

  • Les relations sociales et de travail
  • Le contenu du travail
  • L’environnement physique de travail
  • L’organisation du travail
  • La réalisation et le développement professionnel
  • La conciliation entre vie professionnelle et vie privée

C’est le 19 Juin 2013 que  l’Accord National interprofessionnel sur la QVT voit le jour.

Un accord vers une politique d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’égalité professionnelle.

La première phrase de préambule :

« La qualité de vie au travail vise d’abord le travail, les conditions de travail et la possibilité qu’elles ouvrent ou non de faire du bon travail dans une bonne ambiance, dans le cadre de son organisation »

L’accord propose cette définition de la QVT :

« un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe :

  • L’ambiance
  • La culture de l’entreprise
  • L’intérêt du travail
  • Les conditions de travail,
  • le sentiment d’implication
  • le degré d’autonomie et de responsabilisation
  • l’égalité
  • un droit à l’erreur accordé à chacun
  • une reconnaissance et une valorisation du travail effectué.

En 2016 la loi Rebsamen inclut le thème de la QVT dans le champ de la négociation annuelle obligatoire des entreprises. La QVT devient ainsi incontournable dans les principes de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Un chiffre pour conclure : 

66% des 25-34 ans songent à quitter leur entreprise à cause d’un management inadapté.

Source PwC